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jeudi 29 mars 2018

La bataille entre Oracle et Google relancée par la justice américaine

(Article publié par Basile Dekonink  dans les echos.fr le 28/03)

Une cour d'appel a reconnu que la technologie Java d'Oracle était protégée par le droit d'auteur. Depuis 2012, le spécialiste des logiciels réclame plus de 9 milliards de dollars à Google.

C'est une atteinte à l'innovation pour les uns, une juste reconnaissance de la propriété intellectuelle pour les autres. Dans une décision très attendue, la cour d'appel de San Francisco a jugé le 27 mars que la technologie Java, propriété d'Oracle, est protégée par le droit d'auteur. Un tribunal devra estimer si Google, qui l'a utilisée sans licence pour concevoir son système d'exploitation Android, devra dédommager ou non le spécialiste des logiciels. Depuis 2012, Oracle réclame plus de 9 milliards de dollars au moteur de recherche.

« Usage raisonnable »

Au fil des décisions judiciaires, le débat s'est déplacé sur le terrain de l'«usage raisonnable» qu'un développeur de software peut faire d'une API codée en Java. Ces interfaces de programmation permettent à deux sociétés de faire communiquer leurs applications de manière automatisée. « Se saisir d'un travail protégé par le droit d'auteur et l'exploiter pour concevoir une plate-forme concurrente n'est en rien équitable », ont considéré les juges. Microsoft, Hewlett-Packard Enterprise et Red Hat ont dénoncé la remise en question d'une « pratique établie » qui pourrait « profondément déstabiliser l'industrie ». « La justice américaine vient de prendre une décision pour le secteur du numérique qui revient à instaurer un copyright sur les boulons pendant la révolution industrielle ou sur les conteneurs en pleine mondialisation des échanges », explique Mehdi Medjaoui, fondateur des APIDays, une conférence consacrée aux API.

Google peut encore saisir la Cour suprême des Etats-Unis. Il l'avait fait en 2014, lorsque les juges avaient donné raison une première fois à Oracle. Mais celle-ci avait refusé de statuer.

mardi 20 mars 2018

Le cours de l’action s’effondre à la suite de résultats Q3 mitigés...

Les résultats sont bons pour les bénéfices mais au-dessous des attentes pour le chiffre d’affaire.
La société a pris une charge de 6,9 milliards de dollars en raison de la réforme fiscale.

Cela devait arriver, on vous en parlait déjà dans une précédente newsletter : Les actions d'Oracle ont chuté lundi immédiatement après que la société ait publié des résultats mitigés pour le troisième trimestre de son exercice 2018, qui a pris fin le 28 février. Et le cours a encore dégringolé après que les dirigeants aient publié des prévisions pour la suite…
  • Bénéfices: 83 cents par action contre 72 cents attendus par les analystes.
  • Chiffre d'affaires: 9,77 milliards de dollars contre 9,78 milliards de dollars attendus par les analystes.
Passons très vite sur les « pertes » annoncées. Elles ne sont que le résultat de provisions exceptionnelles, de 6,9 milliards de dollars, en raison de la réforme fiscale fraichement annoncées par l’administration Trump. Il est toutefois intéressant de constater le taux d'imposition de 16,1%, pour ce trimestre. C'est une baisse de 21,6% par rapport à la même période de l’année passée... Lundi, Safra Catz a aussi indiqué s’attendre à un taux d'imposition de 19,5% pour l'année fiscale 2019. Voilà où en est le contribuable Américain. Le peuple finance, via un déficit abyssal, les bénéfices des plus grosses multinationales et les dividendes d’une poignée de dirigeants. Et est de moins en moins couvert pas un éphémère système de soins…Rappelons qu’en France, la réforme du gouvernement Macron viens d’introduire un taux d’imposition unique et historiquement bas, de 30 %, forfaitaire, prélevé sur les revenus mobiliers (dividendes, actions, plus-values...), déjà considéré comme favorisant les plus aisés... L’impôts sur les bénéfices des sociétés étant quant à lui encore à 33%....

Le chiffre d'affaires global d'Oracle a augmenté de 6% par rapport à la même période de l’année passée, selon les résultats évoqués lundi.

Les revenus « On premises » ont augmenté de 4%, à 6,42 milliards de dollars, ils représentent 66% du chiffre d'affaires total.
Oracle a généré 1,39 milliard de dollars de nouveaux revenus de licences de logiciels, en baisse de 2%, ce qui compte pour 14% du chiffre d'affaires.
Mais les analystes s’attendaient à mieux, de l’ordre de 1,42 milliards…

Notre business Cloud (IaaS, PaaS, SaaS) augmente significativement, à 1,15 milliard de dollars, en hausse de 33%.  Hélas, la aussi les analystes s'attendaient à des revenus de 1,18 milliard de dollars

Dans ces chiffres, le PaaS et le IaaS représentent seulement 415 millions de dollars, correspondant à une croissance de 28%.

Mais ces chiffres sont toujours à relativiser au regard de leur volume : Au cours du dernier trimestre passé, Amazon Web Services a enregistré un chiffre d'affaires de 5,11 milliards de dollars, avec une croissance de 45%. 5 fois plus gros, et en croissance plus rapide...

Et pour Q4, les choses semblent devoir aller un peu moins bien, aux dire de Safra Catz, ce qui a fait dévisser l’action : elle a déclaré aux analystes qu'elle s'attendait à ce qu'Oracle rapporte entre 92 et 95 cents par action, avec 1 à 3% de croissance des revenus. Et elle a aussi indiqué qu'elle espérait une croissance de 19 à 23% de son chiffre d'affaires Cloud.

Le titre a alors encore baissé, à près de 7% en dessous du prix de clôture déjà en baisse de près de 4%.

Dans ces conditions de marché en croissance trop faible, nos chers dirigeants ne voient qu’une solution pour maintenir le cours (la seule chose ayant une vraie importance à leurs yeux) : augmenter les dividendes, par une augmentation des bénéfices.

Et comment fait-on quand on a un CA qui progresse moins d’attendu pour augmenter drastiquement les marges ?

Toujours les mêmes qui se battent, toujours les mêmes qui payent…